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Généraliser l’accès à une énergie propre au Burkina Faso

Une femme prépare à manger pour sa famille au Kenya.

Avec un PIB par tête établit à 893 USD en 2021, l’accès à l’énergie reste trop coûteux au Burkina Faso pour la grande majorité de la population. Toutefois, des solutions existent qui permettent à de nombreux autoentrepreneurs d’accéder à l 'électricité et à des solutions d’énergies propres et économiques.

“Voilà une dizaine d’années que je travaille dans la restauration. Je peux recevoir des commandes pour plusieurs centaines d’invités, jusqu’à un millier, lors de mariages, baptêmes, enterrements et autres cérémonies religieuses. Je prépare des mets locaux comme le gonré, le poulet yassa, le tô, le riz gras (…) Depuis que j’ai acquis, auprès de la société Nafa Naana, ces deux foyers améliorés pouvant porter des marmites de grand gabarit, je cuisine dans de bien meilleures conditions ; ils émettent très peu de fumée (…) Cela me permet de réduire la consommation de bois ”, indique Monique Nana Samandoulougou, restauratrice et traiteur à Ouagadougou. Avec des foyers classiques, pour des préparations destinées à 300 personnes, cette cuisinière professionnelle pouvait dépenser 25 000 FCFA pour l’achat du bois (environ 40 USD). Désormais, grâce aux foyers améliorés, 15 000 FCFA suffisent (environ 25 USD).

Qu'ils soient à usage professionnel ou domestique, les foyers améliorés permettent de réduire la consommation de combustible d’environ 30% par rapport à des foyers de cuisson traditionnels. Le gain est économique, environnemental et sanitaire, avec une diminution des émissions de CO2 et des fumées toxiques inhalées.

Les foyers améliorés permettent de réduire la consommation de combustible d’environ 30% par rapport à des foyers de cuisson traditionnels. Le gain est économique, environnemental et sanitaire, avec une diminution des émissions de CO2 et des fumées toxiques inhalées.

Conçus par des artisans locaux et vendus par Nafa Naana, le prix de ces foyers améliorés avoisine les 30 000 FCFA (environ 50 USD) pour les grandes tailles. "Pour ces familles résidant en zone rurale ou péri-urbaine, en situation de grande précarité énergétique, le coût de ces appareils est relativement abordable. C’est un premier pas vers des systèmes de cuisson plus écologiques", pointe Linda Candide Somé, responsable technique et contrôle qualité chez Nafa Naana.

Etendre l’offre en énergie propre dans le pays

Établie en 2010, Nafa Naana est une entreprise burkinabè pionnière dans le secteur de la cuisson propre au Burkina Faso. . Cette entreprise sociale a été sélectionnée dans le cadre du projet FERR-BF (Fond pour les énergies renouvelables au Burkina Faso) afin d’accélérer la commercialisation de ces produits dans des zones où les populations n’ont pas accès à l’électricité.

Dans le cadre du projet, qui a accompagné 11 entreprises de services énergétiques, Nafa Naana a reçu une subvention de 120 000 USD et un appui technique de l’UNCDF, pour étendre son réseau d’agence et muscler son équipe commerciale dans cinq villes du pays, dont Dédougou, Banfora et Gaoua, venant compléter son réseau initialement déployé à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Dano

En dépit de la forte hausse en 2021 et en 2022 du coût des matières premières et de la tôle utilisées par les artisans, Nafa Naana est parvenu à maintenir le prix de vente de ses appareils de cuisson avec l’appui du FERR-BF.

Des agents de micro-crédit devenus ambassadeurs des énergies renouvelables

Pour Nafa Naana, l’un des enjeux du projet était également d’investir un nouveau créneau : les équipements solaires comme des congélateurs, des moto pompes ou bien encore des lampes pour des activités agricoles, de restauration ou de vente. Si le projet a permis de tester la demande et le matériel solaire, les objectifs de diffusion en revanche sont à poursuivre. En cause : les coûts d’achat des équipements comme les congélateurs ou les moto-pompes, trop élevés à supporter pour les entrepreneurs.

Par exemple, le prix d’un congélateur solaire est d’environ 500 000 FCFA (environ 830 USD). "Même si une activité de vente de glace ou de jus est lancée, un petit entrepreneur ne pourra pas décaisser une telle somme tout de suite. Il aura besoin de la microfinance", indique Dominique Tamini, responsable des opérations et des engagements à Graine. Cette institution de microfinance, lancée en 2006, a commencé à travailler avec Nafa Naana, dans le cadre du projet FERR-BF, afin de favoriser l’accès et le financement de ces équipements solaires.

Un partenariat établi avec Nafa Naana, ainsi qu’avec deux autres entreprises de services dans le cadre du projet FERR-BF, AES et Oolu Solar, a permis de former 113 des 184 agents de crédit, devenus à leur tour des ambassadeurs sur le terrain. "Les énergies renouvelables, c’était tout nouveau pour nous. Désormais, cela fait partie de notre quotidien. Quand l’un de nos agents sort, il fait d’une pierre deux coups, sensibilise les populations à la microfinance et aux solutions solaires. Nous avons touché près d’un millier de personnes. Il y a un gros potentiel. Les gens veulent accéder aux énergies renouvelables pour réduire leurs charges financières", détaille enthousiaste Firmin Somda, chargé du financement vert chez Graine.

"Quand l’un de nos agents sort, il fait d’une pierre deux coups, sensibilise les populations à la microfinance et aux solutions solaires. Nous avons touché près d’un millier de personnes. Il y a un gros potentiel".

Firmin Somda, Graine

Depuis le lancement du projet, Nafa Naana aura commercialisée au Burkina Faso quelques 6 000 foyers de cuisson améliorés supplémentaires à usage domestique et professionnel et environ  380 dispositifs d’éclairage solaire à usage domestique et professionnel, dépassant ainsi les objectifs fixés par le FERR-BF (de 4 500 et 350 respectivement).

Au terme du projet FERR-BF, financé dans le cadre du CE4PR (programme Clean Energy for People's Resilience) par le Grand-Duché de Luxembourg, plusieurs leçons peuvent être tirées. Une de ces leçons concerne l’accessibilité aux solutions énergétiques propres pour les populations les plus pauvres et la nécessité d’offrir conjointement des mécanismes de financement appropriés, qu’il s’agisse de la microfinance pour les utilisateurs finaux ou de prêts à des taux abordables et sécurisés pour les entreprises, en l’occurrence grâce à l’activation d’un fonds de garantie. Toutes ces leçons tirées du projet FERR-BF et les autres études de cas sont disponibles dans cette publication sur le site de l’UNCDF en français et en anglais.

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